Nous sommes montés à Laghet….

Le dimanche 28 Septembre, notre paroisse s’est rendue en pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Laghet. 

Certains ont choisi de monter à pied tandis que d’autres ont préféré la voiture afin d’assurer le retour des marcheurs.

A notre arrivée, nous avons été accueillis chaleureusement par les soeurs du sanctuaire ainsi que le Père Roger HEBERT, recteur des lieux.  leur bienveillance et leur disponibilité ont immédiatement créé une atmosphère fraternelle et priante.

Le Père Roger nous a offert un enseignement sur la Grâce jubilaire.

Voici le contenu de son message

La grâce jubilaire

Introduction

Vous êtes venus dans ce sanctuaire de Laghet faire un pèlerinage jubilaire et, comme recteur de ce sanctuaire, je suis heureux de vous accueillir ! Pour vous aider, dans la démarche que vous effectuez aujourd’hui, dans ce petit enseignement, j’aimerais

  • Reprendre quelques éléments de la bulle d’indiction promulguée par le pape François, c’est-à-dire le texte qui annonçait l’ouverture de ce jubilé.
  • Donner aussi quelques éléments pour comprendre ce qu’est un jubilé, certains de ces éléments sont dans le livret, d’autres pas … si vous l’avez déjà lu, ça fera une révision !
  1. Quelques éléments de la bulle d’indiction « spes non confundit »

Dans cette 1° partie qui s’appuie sur la bulle d’indiction, j’aimerais développer 5 points (je peux donner mon texte à votre curé s’il veut le publier sur le site de la paroisse) :

  1. Rappeler de l’objectif fondamental du Jubilé
  2. Explorer le thème de ce jubilé
  3. Réfléchir à ce que ce thème signifie
  4. Mettre en lumière le pilier fondamental de l’espérance
  5. Situer la place de la Vierge Marie dans cette démarche jubilaire

1.1 L’objectif majeur de la démarche jubilaire

Au n° 1, c’est-à-dire dans les premières lignes, le pape François rappelait quel devait être l’objectif majeur de la démarche jubilaire. Je le cite : que la démarche soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus. Avec ces quelques mots, le pape nous recentre sur l’essentiel : nous ne faisons pas d’abord cette démarche pour obtenir une quelconque remise de peine en recevant l’indulgence. Cette démarche a comme but essentiel de nous permettre de resserrer nos liens avec Jésus. Si on veut être chrétien, il ne s’agit pas d’abord de respecter les commandements, de vivre les valeurs de l’Evangile, bien sûr, c’est important, mais c’est second ; je ne dis pas secondaire, mais second, c’est-à-dire que ça vient après. Après quoi ? Après notre union au Christ qui est fondamentale, qui est au fondement, tout le reste en découlera, notamment notre manière de vivre. Voilà pourquoi le pape a voulu rappeler d’emblée que le but de la démarche jubilaire c’est de vivre un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus. Soyons donc clairs : si vous êtes venus, ici, au sanctuaire de Laghet, pour vivre cette démarche jubilaire, en ce début d’année pastorale, c’est pour renforcer, revivifier votre lien au Christ, pour vous rendre plus aptes à suivre Jésus-Christ de plus près (père Chevrier) afin de devenir un témoin plus crédible au cœur de ce monde.

J’espère que tout le monde a lu ce texte du pape François qui restera l’un des textes majeurs de son pontificat, un texte facile à lire et si stimulant : l’exhortation Evangelli Gaudium. Ce que je viens de dire sur l’union au Christ, le pape l’a très bien exprimé cela et je vous lis ce paragraphe si important, c’est au n° 3 :

  1. J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclus de la joie que nous apporte le Seigneur »] Celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas, et quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. C’est le moment pour dire à Jésus Christ : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs ». Cela nous fait tant de bien de revenir à lui quand nous nous sommes perdus ! J’insiste encore une fois : Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde. Celui qui nous a invités à pardonner « soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22) nous donne l’exemple : il pardonne soixante-dix fois sept fois. Il revient nous charger sur ses épaules une fois après l’autre. Personne ne pourra nous enlever la dignité que nous confère cet amour infini et inébranlable. Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie.

Je le redis, être chrétien, c’est vivre du Christ, être unis au Christ, témoigner du Christ. Mais comme le dit si bien le pape, nous avons tous des moments d’égarement où nous nous éloignons de lui, alors il est bon que nous vivions des temps forts qui nous rebranchent sur lui. La démarche jubilaire est faite pour cela, le pape a voulu le réaffirmer dès le n°1 de son texte annonçant le jubilé.

1.2 Le thème de ce jubilé

Chaque jubilé a son thème, vous vous rappelez peut-être le thème des deux derniers jubilés.

  • En l’an 2000, grand jubilé pour le 2° millénaire de la naissance du Christ, le thème était : « le Christ, hier, aujourd’hui et toujours. » C’est une citation de la lettre aux Hébreux 13,8. Le pape Jean-Paul II avait choisi ce thème pour montrer que 2000 ans après sa venue, Jésus n’avait rien perdu de sa puissance ; c’est-à-dire que ce qu’il avait accompli, il y a 2000 ans, il pouvait et voulait toujours l’accomplir.
  • En 2015, jubilé de la miséricorde, le thème était : « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. » La miséricorde a sûrement été le thème le plus développé par le pape François, c’est pour cela qu’il avait voulu ce jubilé « extraordinaire ».

Et, pour ce jubilé de 2025, le pape a choisi comme thème l’espérance avec cette citation de la lettre aux Romains : l’espérance ne déçoit pas. Rm 5,5 C’est le titre de la bulle. Le pape sentait bien que le monde et l’Eglise vivaient un déficit d’espérance. C’est clair que le monde ne va pas très bien, qu’il y a de nombreux sujets d’inquiétude. Mais vous savez ce qu’on dit : c’est la nuit qu’il faut croire à la lumière ! C’est dans cette nuit du monde que nous devons devenir des témoins d’espérance. C’est encore ce que disait St François, ce saint qui est aimé dans votre paroisse : Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. C’est bien parce qu’il y a un déficit d’espérance que nous devons tous devenir, à l’appel du pape, des « pèlerins d’espérance ». J’aime bien l’expression « pèlerins d’espérance » qui dit que l’espérance, on ne pourra l’accueillir et en vivre qu’au terme d’une démarche, c’est bien ce qu’évoque le mot pèlerin. Pour devenir ces pèlerins d’espérance, nous avons besoin, nous-mêmes de raviver l’espérance en nos cœurs et c’est aussi le but de cette démarche jubilaire.

Mais je nous mets tout de suite en garde : faisons bien attention à ne pas confondre l’espérance avec l’optimisme. Il y en a qui sont de tempérament optimiste, ils voient toujours le verre à moitié plein quand d’autres, plus pessimistes voient le verre à moitié vide … et c’est dur de se refaire, on ne change pas facilement son tempérament ! Mais l’espérance, ce n’est pas une affaire de tempérament, l’Eglise nous dit que c’est une vertu théologale, c’est-à-dire que c’est un don de Dieu, ce n’est donc pas une affaire de tempérament. Et c’est pour accueillir ce don de Dieu, si essentiel pour notre temps, que le pape a donné ce thème au Jubilé. Aujourd’hui, par votre démarche paroissiale, vous devenez pèlerins d’espérance pour vous ouvrir à ce don que Dieu veut vous offrir.

1.3 L’espérance ne déçoit pas

Maintenant, je veux aller encore un peu plus loin car le thème du jubilé, ce n’est pas seulement l’espérance, c’est cette affirmation : l’espérance ne déçoit pas. En entendant cela : l’espérance ne déçoit pas, certains pourraient penser : j’aimerais bien pouvoir dire que l’espérance ne déçoit pas, mais j’ai du mal. En effet, tous, nous avons vécu des expériences douloureuses : nous avons prié en mettant beaucoup de foi, d’amour et d’espérance pour une personne afin qu’elle guérisse, qu’elle puisse se libérer de ses addictions pour quitter son chemin de mort. Nous avons prié en mettant beaucoup de foi, d’amour et d’espérance pour un couple afin qu’ils ne se séparent pas, pour une personne seule afin qu’elle trouve l’âme sœur … que sais-je encore ?

Or nous devons le constater : nos prières, même les meilleures, même les plus décisives n’ont pas toujours été exaucées … alors comment dire que l’espérance ne déçoit pas ? Je le redis, l’espérance est un don de Dieu, c’est-à-dire que c’est un cadeau que Dieu me fait pour rester debout malgré les vents contraires.

L’espérance, elle s’appuie sur la foi, cette certitude que quoi qu’il arrive, Dieu est avec moi et qu’il m’aime. Pour ne pas rester trop abstrait, je voudrais vous citer un témoignage qui me touche beaucoup.

Peut-être avez-vous entendu parler d’Anne-Dauphine Julliand, cette journaliste, romancière qui a perdu ses deux filles d’une maladie orpheline et, comble de tout, son fils ainé s’est suicidé quelques années après. Elle a écrit plusieurs livres suite à ces drames, j’ai lu l’un des derniers cet été, il porte le très beau titre de « consolation », je vous le recommande. Elle a aussi donné une interview dans la revue Panorama et voilà ce qu’elle dit : À la mort de Thaïs, (c’est sa 1° fille qui est morte) pour la première fois, j’ai été confrontée à moi-même. Et là, il n’y en a qu’Un qui était là… J’ai vraiment entendu Dieu me dire : « Je suis là et je t’aime. » C’est la première fois que j’ai vraiment entendu Dieu, je ne m’y attendais pas ! Maintenant, je sais qu’il m’aime quoi qu’il arrive. Ce « je suis là et je t’aime » m’a surprise et apaisé, j’ai eu moins peur, je crois. Pour moi, c’est un témoignage magnifique de ce qu’est l’espérance : parvenir à cette certitude que Dieu est là, avec nous et qu’il nous aime.

C’est d’ailleurs ce que dit St Paul avec ses mots à lui dans cette citation de l’épitre aux Romains que le pape a choisi comme thème du jubilé : l’espérance ne déçoit pas … et pourquoi ne déçoit-elle pas ? Paul le dit : parce que l’amour a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. Celui qui vit dans l’amour parce qu’il a accueilli cet amour répandu dans son cœur par le Saint-Esprit, celui-là vit dans l’espérance, une espérance qui ne le décevra jamais … même s’il devait, comme Anne-Dauphine être confrontés à de très grandes souffrances.

1.4 Le pilier de l’espérance

Il y aurait beaucoup de points à souligner dans cette bulle, mais je ne peux pas parler de tout ! Je veux donc m’arrêter sur un avant-dernier point que le pape soulignera fortement et qui me semble essentiel. Le pape va développer l’orientation fondamentale de l’espérance, c’est-à-dire vers quoi elle nous tourne. C’est au n° 19 : « Je crois à la vie éternelle » : ainsi professe notre foi. L’espérance chrétienne trouve dans ces mots un pilier fondamental. Elle est en effet « la vertu théologale par laquelle nous désirons comme bonheur […] la Vie éternelle ».

 Avec ces quelques mots, nous comprenons que le jubilé nous invite à réorienter nos vies, à redonner du sens à ce que nous vivons parce que notre vie a du sens. Donner du sens, cela peut s’entendre de deux manières différentes.

  • Ça peut vouloir dire donner de la signification. Et c’est un enjeu essentiel car il y a tellement de personnes qui ne trouvent plus à donner de sens à leur vie, qui ne comprennent plus à quoi bon se lever, à quoi bon se décarcasser pour ses enfants … Nous vivons dans une société où la déprime est l’une des maladies les plus répandues. Et ceux qui y sont plongés savent que c’est un véritable enfer.

Et ça peut paraitre paradoxal parce que d’un côté, nous avons de plus en plus de moyens de vivre. Certes, il y a des pauvres et ils souffrent et il y en a de plus en plus. Mais globalement, le niveau de vie s’est élevé. Je suis originaire d’une famille pauvre, jusqu’à l’âge de 12-13 ans, chez nous il n’y avait pas de salle de bain et les WC étaient au fond du jardin ! Aujourd’hui, c’est fini ! Nous avons de plus en plus de moyens de vivre, mais, en même temps, de moins en moins de raisons de vivre et c’est cela qui, fondamentalement, alimente la dépression de la société … bien sûr avec toutes les blessures que les situations tordues, en tous genres, engendrent chez les personnes.

Donner du sens, c’est donc redonner des raisons de vivre.

  • Mais donner du sens, ça peut aussi vouloir dire donner une orientation à nos vies. Et si la société est dépressive et engendre tant de déprimes, c’est aussi parce qu’elle ne sait plus donner d’orientation. Les gens sont perdus, on ne sait plus où on va, beaucoup ont peur de foncer dans un mur, beaucoup ont souffert de s’être laissés conduire dans des impasses quand ce n’est pas dans des précipices ! Tout miser sur l’argent, sur le plaisir éphémère et égoïste, ça finit par se payer cher … on fonce dans le mur !

Dans la bulle d’indiction, avec ce n° 19, le pape va donc redonner du sens, donner des raiuons de vivre et donner une orientation à nos vies. Je relis ce numéro : « Je crois à la vie éternelle » : ainsi professe notre foi. L’espérance chrétienne trouve dans ces mots un pilier fondamental. Elle est en effet « la vertu théologale par laquelle nous désirons comme bonheur […] la Vie éternelle ». Pour le Pape François, c’est clair, l’orientation fondamentale de l’espérance, de la vie, c’est la vie éternelle. C’est cette orientation fondamentale qui nous tiendra dans l’espérance. En effet, quoiqu’il m’arrive, quelles que soient mes réussites, mes échecs, mes épreuves, je sais à quoi je suis appelé : à la vie, une vie qui ne passera plus… quelle espérance !

En son temps, Benoit XVI avait écrit une encyclique sur l’espérance et voilà ce qu’il disait dans le même esprit que François : N°10 : Nous devons à présent nous demander de manière explicite : la foi chrétienne est-elle aussi pour nous aujourd’hui une espérance qui transforme et soutient notre vie ? … Dans la recherche d’une réponse, je voudrais partir de la forme classique du dialogue par lequel le rite du Baptême exprimait l’accueil du nouveau-né dans la communauté des croyants et sa renaissance dans le Christ. Le prêtre demandait d’abord quel nom les parents avaient choisi pour l’enfant, et il poursuivait ensuite par la question : « Que demandez-vous à l’Église ? » Réponse : « La foi ». « Et que donne la foi ? » « La vie éternelle ». Pour Benoit XVI, les choses sont donc très claires, parler de l’espérance chrétienne, c’est tourner nos regards, nos cœurs vers la vie éternelle.

Mais attention, prêcher la vie éternelle comme fondement de l’espérance chrétienne, ce n’est pas prêcher la résignation face à ce qui se passe sur cette terre. Dans l’histoire de l’Eglise, il y a eu des moments pas très glorieux où elle a prêché cette résignation : vous êtes pauvres ? Vous souffrez ? Prenez votre mal en patience, vous serez bientôt dans la vie éternelle !

Non, ce n’est pas juste ! Prêcher la vie éternelle comme fondement de l’espérance, c’est une invitation à vivre déjà en citoyens des cieux sur cette terre. Au ciel, nous ne vivrons que d’amour, croire en la vie éternelle, c’est nous préparer dès maintenant à vivre de l’amour justement pour vivre en citoyen du ciel sur cette terre. C’est travailler au cœur du monde pour qu’il devienne toujours plus un monde d’amour. C’est bien ce que nous demandons à chaque fois que nous prions le Notre Père avec cette petite phrase : sur la terre comme au ciel. Même si nous sommes descendants des gaulois, nous prions pour que le ciel tombe nous tombe sur la terre, pour qu’il tombe sur la terre ! Que l’amour du ciel devienne la règle de vie sur la terre.

Vivons donc cette démarche jubilaire comme une occasion qui nous est donnée de réorienter nos vies, de redonner le bon sens à toutes nos actions pour que nous vivions en citoyens du ciel sur cette terre.

1.5 La place de la Vierge Marie dans cette démarche

Le dernier point que je voulais souligner, c’est la place de la Vierge Marie dans la démarche jubilaire. Mettons-nous à son écoute puisque nous faisons cette démarche dans notre sanctuaire marial de Laghet.

François, le pape Sud-Américain, a voulu citer un message de la vierge de Guadalupe que je trouve très beau. Voilà ce qu’il dit : Par l’intermédiaire du jeune Juan Diego, la Mère de Dieu faisait parvenir un message d’espérance révolutionnaire qu’elle répète encore aujourd’hui à tous les pèlerins et aux fidèles : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? » Un message similaire est imprimé dans les cœurs de nombre de sanctuaires mariaux à travers le monde, destinations d’innombrables pèlerins qui confient à la Mère de Dieu leurs inquiétudes, leurs peines et leurs espérances. En cette Année Jubilaire, les sanctuaires doivent être des lieux saints pour l’accueil, et des espaces privilégiés pour susciter l’espérance. J’invite les pèlerins qui viendront à Rome (et ailleurs !) à s’arrêter pour prier dans les Sanctuaires mariaux de la ville, pour vénérer la Vierge Marie et invoquer sa protection. Je suis sûr que tous, en particulier ceux qui souffrent et sont affligés, pourront faire l’expérience de la proximité de la plus affectueuse des mamans qui n’abandonne jamais ses enfants, elle qui est pour le saint Peuple de Dieu « un signe d’espérance assurée et de consolation ».

J’aime cette parole de la Vierge : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? » Autrement dit : si je suis ici, pourquoi t’inquiéter ? Ma présence qui t’accompagne devrait t’aider à enraciner l’espérance dans ton cœur. C’est vrai que lorsque nous étions enfants et que nous avions peur ou que nous avions du chagrin, c’est dans les bras de notre mère que nous trouvions la consolation et la force de repartir. Ici, aujourd’hui, la Vierge Marie que nous invoquons sous le vocable de Notre Dame de Laghet nous dit ce qu’elle disait à Guadaloupe : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? » Le peuple chrétien ne s’y trompe, il sait qu’elle est là et c’est pour cela qu’il y a tant de pèlerins dans les sanctuaires mariaux, tous ceux qui sont en panne d’espérance viennent ici, et en tant d’autres lieux, refaire le plein. Profitez-en aujourd’hui, c’est à vous qu’elle dit : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? »

  1. Pourquoi avons-nous besoin de Jubilé ?

Ce n’est pas l’Eglise catholique qui a inventé les jubilés, comme je l’explique dans le livret, cette tradition nous vient du judaïsme. J’en dis quelques mots pour ceux qui n’ont pas eu le temps de lire !

C’est dans le livre du Lévitique au chapitre 25 qu’on trouve la mention du Jubilé et sa signification. Dieu avait demandé que, tous les 50 ans, on « remette les compteurs à zéro » ! C’est-à-dire qu’on redistribue les terres de manière juste pour que ceux qui s’étaient enrichis ne s’enrichissent pas toujours plus et que ceux qui s’étaient appauvris ne le soient pas toujours plus. Dans cette année de Jubilé, les esclaves devaient également être libérés. Cette année si particulière s’ouvrait par des coups de trompes, fabriquées avec des cornes de béliers, Yobel en hébreu, d’où le nom de Jubilé qui est la transcription française de ce mot hébreu.

Il semble bien que, ce que Dieu avait demandé, n’ait jamais vraiment été appliqué. Ceux qui étaient au pouvoir étaient inévitablement des riches qui, déjà à l’époque, n’avaient pas forcément envie de voir leurs richesses redistribuées ! Quoiqu’il en soit, cette année de Jubilé, dans ce qu’en dit la Bible, montrait clairement l’intention de Dieu d’offrir aux hommes, régulièrement, une année pour repartir à zéro, sans trainer le poids de leurs difficultés, de leurs erreurs, de leurs péchés du passé.

Quand il commencera son ministère en prononçant ce « discours programmatique » dans la synagogue de Nazareth, Jésus va utiliser le vocabulaire du Jubilé. En reprenant la prophétie d’Isaïe, il dira : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année de bienfaits par le Seigneur (Lc. 4, 18-19, reprenant Is 61,1).

L’Eglise, en fidélité à l’intuition de Dieu énoncée dans le livre du Lévitique et reprise par Jésus à la synagogue de Nazareth, a voulu reprendre cette belle institution du Jubilé. C’est ainsi que depuis 1300, de manière quasi-ininterrompue, elle a proposé, au départ c’était tous les siècles, puis tous les 50 ans et enfin, tous les 25 ans, une année de Jubilé. Ce Jubilé de 2025 est donc un Jubilé « ordinaire », comme il en existe tous les 25 ans. Le prochain sera un jubilé extraordinaire, il aura lieu en 2033, on n’est donc pas dans les multiples de 25, mais il marquera le deuxième millénaire de la Rédemption … on peut penser que c’est le pape Léon qui le conduira.

  1. Les grâces du Jubilé

J’ai déjà souligné la grande grâce du Jubilé qui est un renouvellement de notre union au Christ et par là-même un renouvellement de notre espérance. Mais évidemment, on ne peut pas parler de grâce jubilaire sans parler de l’Indulgence.

Vous aurez remarqué qu’on ne parle plus des indulgences, c’est ce qui avait conduit à la séparation catholiques et protestants, on parle de l’Indulgence. Dans le livret, j’ai expliqué aussi ce que signifiait cette grâce de l’indulgence. Comme précédemment, j’en dis un mot pour ceux qui n’ont pas lu ! Avec le livret, vous pourrez reprendre ça tranquillement.

Assez vite, dans la perspective du jubilé, je me suis dit qu’il faudrait faire un texte, le plus simple possible pour expliquer l’Indulgence. En effet ce que dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique n’est pas simple : L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée. C’est le n° 1471. On sent bien que c’est un langage très codé d’un point de vue théologique. J’essaie de faire le décodeur !

Je reviens à ce que je disais : dans la Bible, le Jubilé montrait clairement l’intention de Dieu d’offrir aux hommes, régulièrement, une année pour repartir à zéro, sans trainer le poids de leurs difficultés, de leurs erreurs, de leurs péchés du passé. Pour repartir à zéro, l’Eglise propose le sacrement de la Réconciliation qui, s’il est célébré correctement, « remet les compteurs à zéro » ! Célébré correctement signifie que le pénitent doit confesser ses péchés à un ministre ordonné, il doit le faire en vérité (sans rien cacher volontairement), avoir un repentir sincère et s’engager à réparer ce qui peut l’être. Ainsi vécu, le sacrement de la réconciliation remet les compteurs à zéro.

Oui, mais, il reste quand même une difficulté et le Pape François l’énonce très bien dans la bulle d’indiction au n° 23 : comme nous le savons par expérience personnelle, le péché “laisse des traces”.Quelles sont ces traces ? On peut les repérer à 3 niveaux : dans notre relation à Dieu, dans notre relation à nous-mêmes et dans nos relations avec les autres.

  • Dans notre relation à Dieu, quand Dieu a pardonné mes péchés, il les a vraiment pardonnés. Du côté de Dieu, il n’y a donc plus d’ombre dans la relation, mais de mon côté, il peut y en avoir ! J’ai honte de ce que j’ai fait et, même si j’ai reçu le pardon, ma prière est moins fluide à cause du souvenir qui reste en moi de ce péché qui a offensé Dieu. La relation d’amitié avec Dieu est encore blessée par mon incapacité à vivre durablement dans l’amour.
  • Dans ma relation aux autres, c’est là que les traces sont les plus manifestes. Si j’ai insulté quelqu’un je peux en demander pardon dans la confession et même demander pardon à la personne offensée. N’empêche que mon insulte l’a blessée, la relation amicale est atteinte et je vais avoir bien du mal à l’aimer vraiment ou elle va avoir du mal à m’aimer … il y a une ombre sui subsiste dans notre relation.
  • Dans la relation à moi-même, c’est parfois plus subtil, mais il peut s’installer en moi comme une habitude, une addiction à certains péchés qui m’abiment comme ils abiment les autres et dans lesquels je replonge. Rappelons-nous ce que dit Paul : le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas assez souvent et le mal que je ne voudrais pas faire, je le fais trop souvent.

Eh bien, ce sont ces traces que l’Indulgence veut prendre en charge. Le pardon a effacé mon péché et l’Indulgence, qui est débordement de la miséricorde de Dieu, va venir restaurer ce que mon péché a pu abîmer. Le péché est un acte qui a ses répercussions sur notre personnalité ; l’indulgence va précisément toucher la personnalité en lui donnant, par les actes demandés pour l’obtenir, des moyens d’être restaurée.

Mais nous pourrions quand même nous interroger : pourquoi le sacrement de la Réconciliation ne vient-il pas tout régler ? La réponse est simple et étonnante : parce que Dieu nous prend au sérieux ! Imaginons un enfant qui, dans un accès de colère, casse un très beau vase. Il va demander pardon, les parents pardonnent mais ils lui disent : jusqu’à la fin de l’année, chaque semaine, dans la somme d’argent de poche que nous te donnions, nous allons retirer 1 euro pour ce vase cassé. La somme collectée en fin d’année n’aura aucune commune mesure avec la valeur du vase précieux, mais cette retenue d’argent est le signe que les parents ne veulent pas déresponsabiliser leur enfant, qu’ils veulent le faire grandir.

C’est ainsi que Dieu agit avec nous, il nous pardonne, il nous sauve, mais il demande notre participation. Saint Augustin disait : le Dieu qui t’a fait sans toi, ne te sauvera pas sans toi ! Il y a donc cette fameuse « peine » due au péché qui reste, même quand le péché est confessé. C’est d’elle dont nous devrons nous purifier au purgatoire. Nous le savons, et c’est une très bonne nouvelle : le mal ne passera pas les portes du Paradis ! Quand nous serons avec Dieu, il n’y aura plus rien qui viendra assombrir notre relation avec lui, avec les autres et avec nous-mêmes.

Il convient donc de nous débarrasser, selon l’expression du Pape, des traces qu’a laissées le péché, c’est ce que la théologie nomme « la peine temporelle ». Le purgatoire existe pour cela, il n’est pas un lieu de punition, mais de purification pour nous permettre de goûter la joie de nous retrouver dans la présence de Dieu, débarrassé de toutes les traces laissées par le péché en nous, qu’on appelle donc la peine temporelle.

Sans attendre le Purgatoire, l’Indulgence va effacer cette peine par notre participation assez symbolique (comme l’était l’euro retiré chaque semaine à l’enfant) à une démarche comme celle du Jubilé. Toutefois, il est bon de préciser que les actes demandés pour obtenir l’indulgence ne sont pas seulement destinés à « remettre les compteurs à zéro », ils ont aussi comme objectif d’aider la personne à reprendre une maitrise d’elle-même qui la rende plus vigilante aux occasions de péchés par une discipline personnelle. La « peine temporelle » est comme un « poids » qui pèse sur les épaules et que l’indulgence aide à ôter en orientant vers une nouvelle « logique » de vie.

Participer à la démarche du Jubilé, c’est donc nous libérer de cette peine et c’est donc aussi permettre à Dieu de réaliser le grand désir qu’il avait quand il avait inspiré, au législateur juif, l’idée de l’année jubilaire qui devait permettre à chacun de repartir à zéro pour que le monde ressemble vraiment au rêve qui l’habitait quand il l’a créé.

Notre évêque, selon le pouvoir qui lui est donné, a décidé d’attribuer cette indulgence à tous ceux qui effectueront la démarche jubilaire dans l’un des lieux prévus à cet effet, cathédrale de Nice, Sanctuaire de Valcluse et de Laghet avec les dispositions suivantes : Conditions pour recevoir l’Indulgence :

– Désir de conversion et de vie avec le Christ

– Proclamation du Credo (Nicée -Constantinople cette année)

– Prière aux intentions du Saint Père

– Confession

– Communion dans les jours précédents ou suivant le passage sur le lieu

– Démarche proposée par le Sanctuaire.

 

Cette journée fut marquée par la prière, la fraternité et la gratitude envers la Vierge Marie. Chacun est reparti le coeur rempli de paix et de joie, reconnaissant pour cette belle expérience de foi partagée. 

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